Valeur vénale, valeur d’usage, valeur résiduelle, valeur nette comptable… Quelle est la différence ?
Les entreprises doivent jongler avec toutes ces définitions pour comprendre leur comptabilité. Chaque valeur possède pourtant un intérêt propre, mais la valeur nette comptable, ou VNC, est essentielle pour mieux appréhender le bilan comptable.
Qu’est-ce que la VNC ? Comment la calculer ? Quelle est son utilité ? Découvrez notre point complet, illustré par des exemples chiffrés, qui aborde aussi les notions de valeur brute, d’amortissements et de dépréciations.
Qu’est-ce que la VNC ?
Valeur nette comptable : définition
Selon l’article 214-6 du Plan comptable général, « la valeur nette comptable d’un actif correspond à sa valeur brute diminuée des amortissements cumulés et des dépréciations ».
Sa formule de calcul est donc la suivante :
VNC = valeur brute de l’actif – amortissements cumulés – dépréciations |
Son utilisation découle du principe comptable de coût historique. En comptabilité, pour garantir la fiabilité des informations saisies sur les états financiers d’une société, les actifs sont enregistrés à leur valeur d’origine. Les amortissements et dépréciations figurent dans des comptes spécifiques.
Ce principe exclut, généralement, une évaluation à la valeur de marché ou au coût de remplacement. Simple dans sa mise en œuvre, il présente néanmoins l’inconvénient de conserver au bilan des immobilisations dont la valeur ne reflète pas toujours la réalité économique.
Exemple de calcul de la valeur nette comptable
Vous avez acheté un matériel industriel pour votre exploitation à 20 000 € HT au 1er janvier N. Vous l’amortissez selon la méthode linéaire sur 5 ans. Au cours de l’année N+2, vous remarquez que votre bien s’est déprécié et vous enregistrez une dotation à hauteur de 1 000 €, toujours valide en N+3 pour le même montant.
Quelle est la VNC au 31 décembre N+3 ?
La valeur brute de votre matériel est inscrite à l’actif du bilan au débit du compte de 2154 pour 20 000 €. Chaque année, de N à N+3 (soit 4 ans), vous constatez 4 000 € (20 000/5) de dotation aux amortissements au crédit du 2815. Ce compte fait apparaître le total de vos amortissements cumulés à la fin de l’exercice N+3, soit 16 000 € (4 x 4 000). Enfin, votre dotation pour dépréciation est saisie au crédit du 29115 pour 1 000 €.
VNC = 20 000 – 16 000 – 1000 = 3 000 €.
Quels sont les postes du bilan concernés par la valeur nette comptable ?
Puisqu’elle repose sur le principe de coût historique, la notion de valeur nette comptable affecte tous les éléments de l’actif.
- Pour les immobilisations corporelles et incorporelles, la perte de valeur irréversible due à l’usage, au temps ou à l’obsolescence est enregistrée tous les ans sous forme de dotation aux amortissements. Si l’entreprise juge que l’actif s’est dévalué plus rapidement que prévu, une dépréciation peut être saisie lors des travaux de clôture de l’exercice.
- Les titres font l’objet d’une déprécation lorsque la valeur actuelle est inférieure à la VNC. La formule de calcul de la valeur nette comptable des titres est donc :
Valeur brute – dépréciation |
- La même méthode s’applique pour les stocks et la production en-cours.
- Pour les créances clients, l’entité analyse leur degré de solvabilité. Pour le client jugé douteux ou litigieux, elle constate une dépréciation pour matérialiser la perte probable d’une partie de la créance.
- Les montants inscrits en disponibilités représentent le total des fonds effectivement mobilisables en banque et dans la caisse. La VNC est donc égale à la somme enregistrée dans les comptes comptables.
Les composantes de la VNC en détail
La valeur brute comptable : point de départ du calcul de la VNC
La valeur brute comptable est le montant inscrit en comptabilité à la date d’entrée des actifs dans le patrimoine de l’entreprise. L’article L123-18 du Code de commerce apporte quelques précisions sur le sujet, complétées par les indications du Plan comptable général.
Les biens acquis à titre onéreux sont saisis à leur coût d’acquisition. Celui-ci comprend :
- le prix d’achat ;
- les droits de douane et taxes non récupérables ;
- les remises, rabais et escomptes de règlement ;
- tous les coûts engagés pour la mise en place et en état de fonctionner de l’actif (frais de transport, d’installation, de montage, etc.) ;
- les coûts de démantèlement, d’enlèvement et de restauration du site le cas échéant.
Les biens produits par l’entreprise sont enregistrés à leur coût de production qui comporte :
- le coût d’acquisition des matières consommées ;
- les frais dépensés lors des opérations de production.
Les biens acquis à titre gratuit sont comptabilisés pour leur valeur vénale, c’est-à-dire pour le prix qui aurait été payé dans les conditions normales du marché.
Les amortissements comptables
Ils traduisent en chiffres la consommation des avantages économiques d’un actif. Variable d’ajustement de la valeur brute comptable, ils visent à évaluer l’utilisation de l’immobilisation et sa perte de valeur due à l’usage, au temps ou à l’obsolescence technique.
Les sociétés sont obligées de les comptabiliser à la clôture de chaque exercice. Ainsi, à la date d’entrée de l’actif, elles établissent un plan d’amortissement à respecter pendant toute la durée de vie de l’immobilisation. Des modifications ultérieures sont néanmoins possibles dans certains cas.
L’amortissement porte sur les éléments corporels, à l’exception des terrains et des œuvres d’art, et sur certains éléments incorporels comme les brevets, les frais de recherche et de développement, etc. Les immobilisations financières ne sont pas amortissables.
Pour calculer l’amortissement comptable, l’entreprise se base sur la valeur brute de l’actif diminuée de sa valeur résiduelle. Cette dernière correspond au montant estimé du bien à la fin de son utilisation. On la prend en compte à condition qu’elle soit significative et mesurable et uniquement pour un besoin comptable. Fiscalement, elle n’est pas retenue.
L’amortissement comptable repose sur la notion de durée réelle d’utilisation du bien alors que l’administration fiscale s’appuie sur la durée en usage dans la profession. Cette différence entraîne la comptabilisation d’amortissements dérogatoires comme dans le cas d’une divergence de méthode :
- linéaire ;
- dégressive ;
- en unités d’œuvre.
Pour déterminer la valeur nette comptable à un instant T, vous devez vous référer aux amortissements cumulés enregistrés au crédit des comptes débutant par 28.
Les dépréciations
Lorsque la valeur actuelle d’un actif est inférieure à sa valeur nette comptable, alors l’entreprise enregistre une dépréciation en comptabilité.
Pour vous aider à mieux comprendre, vous devez savoir que la valeur actuelle est la valeur la plus élevée entre la valeur vénale et la valeur d’usage.
- La valeur vénale se définit comme le prix que la société pourrait obtenir si, à la date de clôture, elle décidait de vendre son bien dans les conditions normales du marché.
- La valeur d’usage représente la valeur des avantages économiques futurs attendus de l’utilisation et de la sortie de l’actif. On la mesure grâce à une estimation des flux nets de trésorerie envisagés.
Pour juger de la perte de valeur, l’entreprise a recours à des indices :
- la valeur de marché ;
- les changements importants dans l’environnement ;
- les taux d’intérêt ou les taux de rendement ;
- l’obsolescence ou la dégradation physique ;
- les changements dans le mode d’utilisation ;
- les performances inférieures aux prévisions, etc.
La décision de comptabiliser ou pas une dépréciation dépend du résultat de la comparaison entre valeur actuelle et valeur nette comptable.
- Si valeur actuelle < valeur comptable = dépréciation.
- Si valeur actuelle > valeur comptable = aucun enregistrement.
Contrairement à l’amortissement, la dépréciation n’est pas obligatoirement définitive. La réduction ou l’annulation de la perte de valeur conduit à une reprise de dépréciation. À l’inverse, si la perte de valeur s’accentue à l’exercice suivant, l’entreprise enregistre une dotation supplémentaire.
Pour calculer la valeur nette comptable en fin d’année, reportez-vous au crédit des comptes de dépréciations commençant par :
- 29 pour les immobilisations ;
- 39 pour les stocks et en-cours ;
- 49 pour les comptes de tiers ;
- 59 pour les comptes financiers.
À quoi sert la valeur nette comptable ?
À partir de la valeur nette comptable, la société détermine le résultat de cession d’un actif, évalue certains ratios ou analyse son patrimoine.
Connaître le résultat de cession d’un actif
Quand l’entreprise décide de sortir un actif du bilan, soit par une vente, soit par une mise au rebut, elle doit saisir des écritures en comptabilité et déterminer son résultat de cession. Si le prix de vente est supérieur à la valeur nette comptable, la société réalise une plus-value. Dans le cas contraire, elle effectue une moins-value.
Le compte comptable 675 est débité de la valeur nette comptable des immobilisations cédées ou sorties tandis que le compte 775 est crédité du prix de cession. La différence entre les deux est égale au résultat de la cession.
Prenons à nouveau l’exemple d’un matériel acquis pour 20 000 € au 1er janvier N et amorti sur 5 ans. Supposons qu’au 31 décembre de N+3, l’entreprise décide de le vendre pour 4 500 €. Pour simplifier, on ne tient pas compte de la TVA.
L’état des comptes, au moment de la cession et une fois les dotations aux amortissements de l’année N+3 enregistrées, est le suivant :
Compte | Intitulé | Débit | Crédit |
215 400 | Matériel industriel | 20 000 | |
281 500 | Amortissements des installations, matériels et outillages industriels | 16 000 |
VNC au 31/12/N+3 = 20 000 – 16 000 = 4 000 €.
Le jour de la vente, une première écriture traduit la cession de l’immobilisation :
Compte | Intitulé | Débit | Crédit |
462 ou 512 | Créances sur cessions d’immobilisations ou Banque | 4 500 | |
775 000 | Produits de cessions d’éléments d’actifs | 4 500 |
Une seconde écriture reflète la sortie de l’immobilisation du patrimoine :
Compte | Intitulé | Débit | Crédit |
675 000 | Valeur comptable des éléments d’actifs cédés | 4 000 | |
281 500 | Amortissement des installations, matériels et outillages industriels | 16 000 | |
215 400 | Matériel industriel | 20 000 |
Les comptes d’immobilisation et d’amortissements sont soldés. Le résultat de cession est une plus-value de 500 € (4 500 – 4000).
Calculer des ratios financiers
La VNC est employée dans certains ratios afin de mesurer la performance des immobilisations, leur impact sur le résultat ou l’efficacité de la politique d’investissement de la société.
Ratio financier | Formule |
Poids des immobilisations corporelles | VNC des immobilisations corporelles ________________________________ Total de l’actif |
Taux de rendement des immobilisations corporelles | Résultat de l’exercice ________________________________ VNC des immobilisations corporelles |
Taux de rotation des immobilisations corporelles | Chiffre d’affaires net ________________________________ Moyenne des VNC des immobilisations corporelles |
Analyser le patrimoine d’une entreprise
La valeur nette comptable constitue une donnée de référence qui permet à chaque exercice de mesurer le patrimoine de l’entreprise par rapport à la réalité du marché. S’il se dévalue au fil du temps et plus rapidement que prévu initialement, vous saisissez des écritures comptables de dépréciation.
Par ailleurs, la VNC répond au principe de coût historique qui s’impose à toutes les entreprises françaises. Cette règle commune facilite les comparaisons entre les entités. D’un bilan à un autre, l’analyste financier peut mener des études précises, notamment sur la part de l’actif dans le résultat ou sur les choix d’investissement des sociétés d’un même secteur.
La valeur nette comptable : l’essentiel
La valeur nette comptable ou VNC est égale à la valeur brute d’un actif retraitée des amortissements et des dépréciations enregistrés en comptabilité.
Chaque poste d’actif est inscrit au bilan pour sa VNC :
- les immobilisations ;
- les stocks et en-cours ;
- les comptes de tiers ;
- les disponibilités.
Cette notion est essentielle pour déterminer le résultat de cession d’un actif, calculer certains ratios financiers ou analyser le patrimoine d’une entreprise.
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