Placer la trésorerie d’entreprise : une question préalable, IR ou IS ?
Votre entreprise est-elle à l’IR ou à l’IS ? Les entreprises à l’IR (ou sociétés de personnes) ne payent pas l’impôt, ce sont les associés qui intègrent leur quote-part de résultat dans leur imposition propre.
Les entrepreneurs qui ont choisi une forme à l’IR n’ont généralement aucun avantage à conserver de la trésorerie dans les comptes de leur entreprise. Ils sont imposés à titre personnel par transparence sur le résultat de l’entreprise, que ce dernier soit distribué ou non. Ils ont donc intérêt à rapatrier les sommes le plus tôt possible pour en disposer comme ils le souhaitent (et notamment payer l’IR !). En cas de besoin de trésorerie, il sera toujours possible de financer l’entreprise par le biais du compte courant d’associé.
La problématique de placer la trésorerie d’entreprise se pose surtout pour les entreprises à l’IS, dites fiscalement opaques. Elles payent leur impôt propre, mais les associés ne payent l’impôt que lorsqu’ils perçoivent des revenus (dividendes, rémunération de gérance ou salaires). Les entreprises à l’IS ont donc fréquemment à constituer des réserves de trésorerie, pour pouvoir réinvestir dans leur activité tout en limitant les frottements fiscaux.
Un tableau de prévisions de trésorerie pour anticiper ses cash flows
Il est sain de faire des réserves, surtout en période d’incertitudes économiques. Il est aussi sain de chercher à les rémunérer correctement : si cette trésorerie est mal placée, sa rémunération ne compensera pas l’inflation, ce qui plombera la rentabilité des capitaux mobilisés par les associés.
Vous vous en doutez, le solde affiché sur votre compte bancaire n’est pas le montant que vous pouvez investir.
Pour bien placer la trésorerie de son entreprise, il faut d’abord savoir combien on peut placer, et sur quelle durée. Le principe est le même que pour la gestion d’un patrimoine personnel.
C’est un exercice de projection dans l’avenir : il faut anticiper les recettes, en tenant compte de leur caractère aléatoire (mieux vaut être conservateur dans ses prévisions) et les dépenses. On réalise donc un tableau de flux de trésorerie prévisionnel, qui recense, typiquement sur une base mensuelle et sur plusieurs années :
- les flux de trésorerie connus et certains en montant : ce sont par exemple le paiement de factures fournisseurs, de salaires, les échéances fiscales et sociales, les échéances de TVA, le remboursement d’un emprunt…
- les flux de trésorerie anticipés, probables mais pas certains. Il peut s’agir d’une augmentation du chiffre d’affaires, de la vente d’un local, des effets sur la marge d’une augmentation des tarifs…
- les investissements : achats d’actifs matériels ou immatériels à amortir, voire acquisitions ou croissance externe… ce sont les flux de trésorerie les plus difficiles à estimer, mais bien souvent les plus importants en montant !
L’exercice doit donc se faire en se projetant à plusieurs années. L’utilité de ce travail va d’ailleurs au-delà d’un simple placement de trésorerie : c’est un exercice sain dans toute gestion financière d’entreprise.
Enfin, veillez toujours à raisonner en trésorerie (cash-flows) plutôt qu’en écritures comptables. Un achat de matériel industriel sera par exemple amorti comptablement et fiscalement, mais décaissé au comptant du point de vue de la trésorerie : ce qui compte pour les placements, c’est le cash !
Trois poches de trésorerie : chacune son placement idéal
Ce n’est qu’une fois retirés ces trois catégories de dépenses que vous connaîtrez la trésorerie réellement disponible de votre entreprise. Vous allez raisonner en strates : ce qui sortira d’ici 3 ans, ce qui sortira probablement avant 5 ans, ce qui ne sortira probablement pas d’ici 5 ans.
Ces trois tranches auront une stratégie de placement différente. Le court terme devra absolument être conservé en liquidités. Vous n’avez pas forcément à optimiser cette poche : la sécurité doit primer. Un compte à terme, même très faiblement rémunéré, peut faire l’affaire.
Sur les segments de trésorerie sans impératif de liquidité proche, donc à moyen terme (3-5 ans) et long terme (>5 ans), vous devez chercher à compenser l’inflation, donc les effets peuvent être coûteux pour votre entreprise. Si cette trésorerie est placée comme si elle avait un horizon court, son pouvoir d’achat se déprécie d’année en année. Il faut procéder autrement.
Placer la trésorerie d’entreprise en 2021 : pas facile !
Parlons un moment du contexte de taux d’intérêt.
Les taux sans risque, ceux des comptes à terme bancaires, sont directement dépendants des taux directeurs. Sans vouloir faire un cours de politique monétaire, retenez simplement que la Banque Centrale Européenne fixe les taux « repo », c’est-à-dire les taux auxquels les banques peuvent se refinancer auprès d’elle.
Aujourd’hui, ce taux est de 0 % : les banques ont donc un guichet d’argent gratuit auprès de la BCE. Elles ont donc très peu d’intérêt à se financer auprès des entreprises par des comptes à terme. Si elles le font, c’est par respect des ratios réglementaires (elles doivent diversifier leurs ressources), pour obtenir des financements longs (la BCE prête surtout à court terme) ou dans le cadre de la relation commerciale (proposé à perte, le compte à terme est un outil pour fidéliser leurs bons clients).
En outre, pour inciter les banques à prêter à l’économie, la BCE rémunère les liquidités excédentaires à un taux négatif. Pour une banque, cela signifie, de façon schématique, que l’argent qui lui « reste sur les bras » en fin de journée lui est facturé. Autrement dit, si elle collecte des liquidités via un compte à terme, elle doit le reprêter ou être taxée sur cet argent.
Vous l’aurez compris : vos liquidités n’intéressent que très peu les banques et elles ne se battront pas pour conquérir vos dépôts !
Quels produits pour placer la trésorerie d’entreprise ?
Malheureusement, les vieilles recettes ne fonctionnent plus. Les comptes à terme et dépôts à terme auront une rémunération décevante, de l’ordre de 0,20 % sur 5 ans. Les OPCVM monétaires répliquent les taux de la BCE et donc offrent une rémunération dans le meilleur des cas nulle, mais bien souvent négative.
Cependant, pas de résignation ! Une solution a les faveurs de trésoriers actuellement : un simple compte-titres assorti d’un mandat de gestion prudent.
Le fonctionnement est simple : vous ouvrez un compte bancaire dédié, précisez le niveau de risque toléré, déposez l’argent dessus et le gérant se charge de faire fructifier ce capital en respectant en permanence le profil de risque défini.
L’offre commence à apparaître dans certains réseaux bancaires, mais sur le web, c’est la fintech Yomoni, réputée pour ses mandats de gestion assurance-vie et PEA, qui se démarque. Elle propose ainsi un mandat de gestion de trésorerie sur compte-titres pour personnes morales à base d’ETF, des fonds indiciels à faibles frais permettant de ne pas pénaliser la performance tout en garantissant une très forte diversification, avec un accompagnement de A à Z pour calibrer le risque au mieux de sa sensibilité et des engagements futurs de son entreprise.
Un compte-titres est liquide : il est possible de verser de l’argent ou d’en retirer, partiellement ou totalement, à tout moment. Cependant, les ETF utilisés par le gérant ne sont pas garantis en capital. Ils varient à la hausse comme à la baisse. Il faut donc absolument respecter la durée minimale d’investissement conseillée afin d’appréhender la volatilité dans le bon horizon de temps.
Il faut également s’assurer que la gouvernance de son entreprise accepte de placer la trésorerie longue sur des produits non garantis en capital. Raisonner en pouvoir d’achat (compenser l’érosion monétaire) plutôt qu’en nominal permet généralement de faire la part des choses et de trouver la solution la plus rationnelle.
En respectant ces contraintes, le compte titres est aujourd’hui la solution idéale pour placer la trésorerie d’entreprise à un horizon moyen-long terme tout en échappant aux taux négatifs.
Ce qu’il faut retenir
- Pour placer efficacement sa trésorerie, réaliser des prévisions de trésorerie à plusieurs années est un préalable indispensable
- Segmenter par maturité permet de trouver le bon placement pour chaque type de trésorerie
- Les banques n’ont aucun appétit pour les liquidités
- Un compte-titres en mandat de gestion, au risque personnalisable, est actuellement une excellente solution de placement de trésorerie pour les entreprises et personnes morales.